Flash infos
Telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui, elle a été réalisée au début du XVIe siècle. A la charnière entre médiévale et moderne, elle comprend une chapelle médiévale, remaniée au XVe siècle et construite hors d’œuvre à l’extrémité Est et une tour rectangulaire en briques et en pierres qui fait saillie au milieu du bâtiment. Cet avant-corps de style Renaissance vient rompre la monotonie de la façade et lui donne un certain air de grandeur grâce à ses grandes fenêtres divisées par des meneaux cruciformes, à sa porte basse cintrée et à son haut toit à pentes raides. Autrefois considérée comme l’affirmation visuelle de la puissance épiscopale, cette tour a été construite pour accueillir une pente servant d’escalier, d’inspiration Renaissance italienne.
La façade vue du jardin, présente un ensemble harmonieux qui unit le bâtiment classique avec l’œuvre renaissance en briques. Elle comprend un vaste corps délimité aux extrémités par deux pavillons d’angle. Au premier niveau, la façade est percée de sept baies dont six rectangulaires et une, au milieu, en anse de panier. L’une des baies rectangulaires, celle située immédiatement à gauche de la baie centrale, est une réalisation en trompe-l’œil qui vise à assurer la symétrie de la façade. Le bâtiment s’ouvre sur une terrasse, soutenue au rez-de-chaussée par une série de sept arcades en plein cintre, qui forme une sorte de galerie servant à masquer le mur du XIIe siècle. L’ensemble présente les caractéristiques du XVIIe siècle.
Au XVIIe siècle, selon une tradition non confirmée, Mgr Dominique Séguier (évêque de Meaux de 1637 à 1659) confie l’agrandissement du jardin épiscopal au jeune jardinier André Le Nôtre (1613-1700). Il s’agit d’un jardin « à la française » de 8500 m2, composé d’un parterre évoquant la mitre d’un évêque. Il est divisé en quatre allées bordées de verdure qui se rencontrent autour d’un bassin et s’étend jusqu’aux remparts de la ville sur lesquels une terrasse plantée d’ifs et de buis est aménagée.
Sur la terrasse des remparts, le cardinal Dominique de Ligny (évêque de Meaux de 1659 à 1681) fit construire un charmant petit pavillon appelé aujourd’hui, le pavillon Bossuet. Suivant la tradition locale, cette petite construction était fortement appréciée de l’Aigle de Meaux qui aimait s’y rendre pour travailler dans la tranquillité et méditer. A l’occasion du tricentenaire de sa mort en 2004, on fit planter en son honneur dans le jardin une nouvelle variété de roses baptisée « Bossuet Aigle de Meaux » qui rappelle par sa couleur mauve, l’habit épiscopal.
Cette montée, constituée de pans inclinés qui s’arrêtent sur des paliers successifs, est rare en France. Une explication anecdotique justifie sa réalisation par le fait que souffrant de la goutte, l’évêque Guillaume Briçonnet (à Meaux, de 1516 à 1534) y trouva un confort plus grand, nécessité par son état de santé. Cette pente lui permettait donc d’accéder plus facilement à ses appartements. Il aurait même possédé un mulet qui le conduisait jusqu’à cet endroit. Elle aurait permis également aux ânes de porter les sacs de céréales aux greniers. Mais, anecdote mise à part, il est certain que Guillaume Briçonnet, proche de la cour de François Ier, se soit inspiré des réalisations similaires introduites en France par des architectes influencés par la Renaissance italienne ou venus d’Italie à la suite des campagnes militaires du roi.
Au rez-de-chaussée, deux magnifiques salles, séparées par un mur épais, occupent toute la longueur du bâtiment. Chacune des salles est divisée en deux nefs par une file de colonnes monolithiques, cantonnées de quatre colonnettes engagées qui reçoivent la retombée des ogives. Les bases de ces colonnes présentent les griffes caractéristiques du XIIe siècle tandis que les chapiteaux, d’un style plus avancé, présentent un décor végétal orné de volutes, évoquant déjà de véritables crochets gothiques. La grande salle, longue de cinq travées, a pu servir de salle capitulaire avant la construction du Vieux Chapitre au XIIIe siècle. L’autre salle, plus petite (trois travées), devait être la salle de l’officialité (siège de la cour de justice ecclésiastique). Ces salles forment avec la chapelle le monument le plus ancien de la ville de Meaux et accueillent aujourd’hui, les expositions temporaires du musée Bossuet.
Il s’agit d’une chapelle orientée à deux niveaux de type palatial datant de la seconde moitié du XIIe siècle. Au rez-de-chaussée, on accède à la chapelle basse par la salle de l’officialité. Cette chapelle, divisée en plusieurs pièces par des cloisons, présente une voûte d’arêtes et se termine à l’Est par une voûte en cul-de-four percée d’une fenêtre en lancette. Au second niveau, la chapelle haute possède une nef voûtée d’ogives de deux travées séparées par un arc-doubleau et se termine par un chœur absidial voûté en six quartiers d’ogives et éclairé par trois longues fenêtres en tiers-point. A cet endroit, la voûte est ornée de peintures exécutées sous l’évêque Dominique Séguier par le peintre meldois Jean Senelle (1605-ca. 1671). Au XVe siècle, on a construit entre les contreforts, deux chapelles latérales voûtées d’ogives et éclairées par deux larges fenêtres au remplage flamboyant. A cet endroit, la retombée des ogives se fait sur des consoles présentant soit des motifs végétaux, soit des anges, soit des figures fantastiques. Dans cette chapelle, l’un des plus beaux tableaux du musée Bossuet est exposé : la Déploration du Christ de Frans Floris (1519 – 1570).
La salle située à droite de la montée est connue sous le nom de salle Changeux. Donnant accès à la chapelle haute, elle était autrefois divisée en deux espaces occupés par des chambres.
Actuellement, cet espace accueille la toute première salle du musée Bossuet dédiée à la fin du maniérisme (don Changeux).
La salle du Synode, appelée ainsi parce que ces assemblées s’y sont tenues autrefois, est aujourd’hui une magnifique pièce aux dimensions imposantes (L 15,4m x l 9,65m x H5,2m) et au plafond charpenté constitué de trois poutres maîtresses. Quatre fenêtres caractéristiques du XVIIe siècle l’éclairent sur le jardin et donnent accès à la terrasse. Aujourd’hui, elle accueille une collection de peintures du XVIIe siècle et présente des artistes tels que Claude Vignon (1593-1670) Jacques Blanchard (1600-1638), Bon Boullogne (1649-1717) ou encore Noël Coypel (1628-1707).
A droite de la salle du Synode se trouve le salon des Evêques dit Antichambre : une salle à l’aspect noble ornée d’une jolie cheminée en marbre datant de l’époque de Louis XIV. Dans cette pièce sont exposées les œuvres d’artistes qui se sont illustrées dans le courant néo-classique, entre 1715 et 1830.
Située à la suite du salon des évêques, la chambre du roi ou chambre de l’évêque est sans aucun doute la plus belle pièce du palais. Cette dernière est ornée de boiseries finement sculptées datant de l’épiscopat d’Antoine René de La Roche de Fontenille entre 1737 et 1759. Elle contient également une élégante cheminée en marbre rouge de l’époque de Louis XV au-dessus de laquelle une boiserie encadre en bas une glace et en haut une représentation de l’Adoration des mages. Cette pièce qui était autrefois la chambre de Jacques-Bénigne Bossuet (évêque de Meaux de 1681 à 1704) fut nommée chambre du roi car dans la nuit du 24 au 25 juin 1791, elle accueillit le roi Louis XVI, ramené de Varennes. Elle accueille dorénavant, une partie de la collection de peintures du XVIIIe siècle.
Formant un avant-corps sur le jardin, le cabinet Bossuet ou la chambre de la Reine, à la suite de la chambre du Roi, servait autrefois de cabinet de travail à Bossuet. Alors que le roi Louis XVI occupa la chambre de l’évêque, la reine Marie-Antoinette et les deux enfants passèrent la nuit dans cette pièce, d’où son nom. Tout comme dans la chambre du roi, on y trouve une cheminée surmontée d’une boiserie Empire ornée dans la partie inférieure d’une glace et dans la partie supérieure d’une toile représentant selon la tradition,Henriette d’Angleterre (1644-1670), belle-sœur du roi Louis XIV. Cette toile rappelle, dans ce cabinet de travail de l’évêque Bossuet, l’une de ses plus célèbres oraisons funèbres prononcée ce 21 août 1670 : « (...) Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte !... »
A l’extrémité Ouest du palais se trouve la salle Renaissance dite Salle Moissan, autrefois appelée la deuxième salle du palais épiscopal. Aujourd’hui, cette salle rassemble la collection de tableaux réunis par Henri Moissan, prix Nobel de chimie en 1906 et amateur d’art. Léguée à la ville de M eaux à la veille de la Grande Guerre, par Louis son fils unique, cette collection réunit des artistes contemporains de Moissan tels que Gustave Courbet (1819-1877), Eugène Delacroix (1798-1863), Jean François Millet (1814-1875), Charles François Daubigny (1817-1878) et forme la majeure partie du fond XIXe du musée.
A gauche de la montée se trouve, la chambre des Evêques. Il s’agit d’une grande pièce carrée ornée d’une cheminée illustrée d’une représentation de la Sainte Famille. Utilisée comme chambre depuis Mgr Briçonnet jusqu’à Mgr Séguier, elle présente aujourd’hui une partie de la collection XIXe. Une antichambre, dite Salle Troubadour, dans le prolongement abrite la collection d’apothicairerie du musée provenant de l’ancien Hôtel-Dieu de Meaux.